2ème édition
par Pr. Patrick Berche
Pr. Jean-Jacques Lefrère
Flammarion document
Site web : www.editions.flammarion.com
avril 2012
Volume broché, 341 pages, format 16 x 24 cm
Tarif indicatif de 21,00 €
Patrick Berche, en compagnie de Jean-Jacques Lefrère, nous content quelques grandes histoire édifiantes sur les progrès de la médecine. Et pour beaucoup d’entre elles, la biologie est venue en appui (les bases de la réanimation dans le choléra), sinon comme moteur.
Cet ouvrage peut être apprécié à différents degrés. Tout d'abord, il peut être dégusté comme autant d'aventures parfois franchement merveilleuses, où l'on rencontre les petitesses et les grandeurs de l'homme. Les auteurs, avec un style direct, ont bien su nous faire participer aux difficiles et tortueux chemins qui ont mené à de grandes découvertes (la trinitrine). Rarement cela fut linéaire, et avant d'atteindre l'aboutissement (avec un prix Nobel de médecine quelquefois) beaucoup de chercheurs, de praticiens parfois simples médecins de campagne (E. Jenner), ont dû lutter contre les réticences, les refus obstinés ou une concurrence effrénée entre les promoteurs (découverte de la circulation sanguine, greffe de visage).
Presque toujours, ce fut des aventures menées à plusieurs, rarement l’œuvre d'un seul.
Mais au-delà de la description factuelle des circonstances, on ne peut que se poser la question du pourquoi. Dans beaucoup de ces narrations, ce qui frappe, ce sont les flux qui mènent à une nouvelle idée, invariablement contrariés par des reflux du savoir. Les circonstances, les presciences, les avancées ont été suivies parfois par des reculs avec des combats acharnés des tenants de l'acquis au dépend de la nouveauté. Rien de bien nouveau, tous les domaines de la science sont sujets à de tels mouvements. Et s'il ne faut pas juger avec nos connaissances actuelles les états d'esprit d'hier, on est consterné de voir les souffrances humaines prolongées par ces retards. De surcroît, plus on se rapproche du XXIème siècle, plus on se demande comment c'est encore possible.
Certains esprits novateurs se sont épuisés à tenter d'imposer leur idée, leur conviction, ils ont été ignorés, voire sanctionnés. Finalement, une innovation thérapeutique, c'est la rencontre entre une idée et un groupe ou une société apte à en accueillir la nouveauté. Quand on lit que l'étiologie bactérienne de l'ulcère d'estomac était envisagée et traitée avec succès dès les années 1950, on ne peut qu'être rétrospectivement effaré des amputations gastriques opérées par les chirurgiens jusque dans les années 1990.
Prendre conscience de la lutte qu'ont dû mener quelques-uns pour voir leur idée salutaire triompher, est un lieu d'interrogations qui mériterait que l'on s'y penche.
Au gré des chapitres, on perçoit aussi que les divers comités d'éthique rendent des avis divergents suivant les époques ou les pays. Mais alors, qu'est-ce que l'éthique, et a-t-elle une valeur autre que relative ? Quelle éthique de la recherche doit-on développer ? Est-ce que les normes actuelles ne sont pas les nouvelles formes d'un conservatisme larvé, qui pourrait stériliser la créativité et retarder les découvertes ? Comment ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs d'appréciation face à une idée nouvelle ? Comment respecter l'autre : ses confrères, les patients ?