Auteur : Christian Boitard

Édition Odile Jacob

www.odilejacob.fr

2023

303 pages

Tarif indicatif de 25,90 €

 

Le diabète fait partie des maladies chroniques très répandues actuellement, si bien que l’on peut parler d’une véritable pandémie silencieuse, non transmissible, touchant plus de 400 millions de patients dans le monde et environ 10 % de la population française. Christian Boitard professeur d’immunologie travaillant à l’hôpital Cochin, nous raconte l’histoire de cette maladie en partant de celle de l’insuline. Au sortir de la Première Guerre mondiale, les jeunes patients atteints de diabète de type I (dit insulinodépendant) étaient condamnés à mourir à l’adolescence dans des cliniques spécialisées. La découverte de cette hormone pancréatique a été réalisée en 1922 par le Canadien Frederick Banting, un chirurgien orthopédiste. Hébergé dans le laboratoire du physiologiste John Macleod, il réussit à isoler cette protéine, après un an d’effort, à partir du pancréas de chien, avec l’aide d’un étudiant, Charles Best, et d’un biochimiste, James Collip. Il reçut le prix Nobel en octobre 1922 pour cette découverte majeure, qui transformait une maladie dont on mourait toujours en quelques années en une maladie chronique nécessitant des injections régulières d’insuline.

Christian Boitard retrace l’histoire du diabète depuis l’Antiquité jusqu’aux toutes dernières découvertes sur cette maladie aux multiples facettes. Il nous raconte comment on a progressivement compris le rôle du pancréas et celui des îlots de Langerhans décrits à la fin du XIXe siècle, qui sont composés des précieuses cellules sécrétant l’insuline. Après la découverte de Banting, on s’est aperçu qu’il s’agissait d’une protéine de 36 kDa sécrétée par les cellules β de Langerhans. Ce sera l’une des premières protéines à être cristallisée et analysée dès 1926 par la diffraction aux rayons X. Sa séquence peptidique complète sera déterminée par le biochimiste anglais Fred Sanger en 1952 à partir de l’insuline de bœuf. Cela lui valut le prix Nobel en 1958 pour son travail sur la structure des protéines. Puis, on parvint à localiser le gène de l’insuline sur le chromosome 11 humain et à identifier le récepteur cellulaire de l’insuline. Le clonage de ce gène a permis la production de l’insuline recombinante in vitro en fortes quantités par des bactéries ou des levures, actuellement utilisées dans le traitement du diabète insulinodépendant.

La détermination de la séquence nucléotidique de l’insuline a facilité le suivi de l’évolution phylogénétique de la famille des protéines apparentées à l’insuline. L’auteur nous explique l’histoire de l’insuline à travers l’arbre du vivant. Elle est présente chez tous les vertébrés, incluant les poissons et certaines espèces ancestrales comme les vertébrés sans mâchoires, notamment la lamproie. Ce gène existe aussi chez les protozoaires tels que Tetrahymena. Chez les invertébrés, l’insuline est produite par les neurones, en particulier chez le ver à soie, chez Caenorhabditis elegans ou encore la drosophile.

Puis l’auteur développe le rôle physiologique de l’insuline par rapport au métabolisme du glucose qui est en quelque sorte le carburant de la vie fournissant l’énergie des cellules. Il explique les mécanismes de contrôle de la glycémie et le rôle de l’insuline, notamment dans la croissance cellulaire, la reproduction et la longévité des êtres vivants. Suit un chapitre sur les divers diabètes, à partir des données épidémiologiques. Il décrit le diabète de type 2, son terrain génétique, son histoire naturelle, son association avec le surpoids et l’obésité. Cela l’oppose au diabète de type 1 qui serait une maladie auto-immune caractérisée par une destruction des cellules β de Langerhans. Enfin, il cite les rares diabètes héréditaires, dits « monogéniques » (MODY, Maturity Onset Diabetes of the Youth), en rapport avec des mutations de certains gènes, surtout ceux impliqués dans la sécrétion d’insuline ou dans le développement du pancréas. Suivent des chapitres sur les complications du diabète et sur le traitement par l’insuline et des perspectives thérapeutiques dans le futur.

On le voit, il s’agit d’un large tour d’horizon historique, physiopathologique, clinique et thérapeutique, de ce qu’est le diabète, une maladie si répandue dans notre civilisation.