Auteur : Adam Kucharski
traduit de l’anglais par Caroline Abolivier

Éditions Dunod

site web : www.dunod.com

Malakoff, 2021

448 pages

Tarif indicatif de 24,90 €

 

Adam Kucharski, professeur associé de santé publique, enseignant à la London School of Hygiene, est un chercheur travaillant sur des modèles mathématiques et statistiques pour comprendre les effets du comportement social et de l’immunité sur la transmission et le contrôle des épidémies. L’objectif est de découvrir les lois cachées qui régissent la propagation des épidémies et des idées.
L’ouvrage est un récit écrit dans un style limpide, où l’auteur fait état de son expérience personnelle sur le terrain de certaines maladies transmissibles comme la dengue et d’autres épidémies comme celle due au virus Zika. Il fait un parallèle entre la contagion liée à des germes, et celle des idées qui se diffusent aussi vite dans une population préalablement vierge. Il montre que la contagion peut par exemple prendre des allures épidémiques, les suicides, les fusillades de masse, selon la couverture médiatique. Comme les agents infectieux, les émotions et les idées se disséminent peut-être d’après des mécanismes apparentés, par bouche-à-oreille ou par les réseaux sociaux, qu’il s’agisse de fausses nouvelles qu’on appelle virales, de rumeurs, de peur, de panique, de défiance, de recherche de boucs émissaires, de complots imaginaires…
L’auteur rappelle que la modélisation des épidémies a démarré avec le médecin Ronald Ross, le prix Nobel 1902 qui découvrit la transmission du paludisme par les anophèles. Il rédigea en 1910 une analyse de la transmission de la malaria, résumé dans le théorème du moustique mettant en relief les principaux processus qui influencent sa transmission. Son approche novatrice consiste à poser la question « que se passerait-il si ? », plutôt que de se contenter d’extrapoler des modèles à partir des données existantes. Anderson Mc Kendrick, un médecin militaire de l’Indian Medical Service, poursuivit l’approche de Ross en s’intéressant à une autre question « pourquoi les épidémies cessent-elles ? » Avec William Kermack, il développa un modèle mathématique de la contagion incluant trois paramètres, les sujets sains, les sujets infectés, les sujets rétablis, concept fertile qui aboutit à la définition de l’immunité collective ou herd immunity. Émerge aussi la notion de « supercontaminateurs ». La propagation des épidémies dépend de l’exposition à l’agent pathogène, c’est-à-dire du comportement social, et de l’immunité acquise chez les survivants qui progressivement empêchent la propagation des germes, ce qui éteint l’épidémie. Elle est loin la théorie des miasmes qui a dominé jusqu’au XIXe siècle, qui fut réfutée par les travaux sur le choléra de John Snow qui montra le rôle de l’eau de boisson dans la transmission d’un germe inconnu à cette époque. En période de Covid-19, ce livre ne peut laisser personne indifférent.

PB