Par Nathan H. Lents,
traduit par Christophe Millon

Éditions Larousse, Paris

site web : www.editionslarousse.fr


Juin 2018
320 pages


Tarif indicatif de 18,95 € (broché) ; 13,99 € (numérique)


Nathan H. Lents est professeur de biologie à New York. Il combat une idée très répandue selon laquelle l’être humain est l’oeuvre la plus achevée dans la nature, une perfection illustrée par le David de Michel-Ange. L’auteur s’ingénie à présenter les « bourdes de la nature » qui ont abouti à un être très imparfait qu’est Homo sapiens. Au fil des chapitres, l’auteur décline nos innombrables défauts.

Parlons du squelette ! Notre adaptation à la bipédie n’a-t-elle pas entraîné des contraintes sur les os du bassin, des genoux et de la colonne vertébrale conçus pour la quadrupédie ? N’avons-nous pas conservé de multiples os inutiles ? Cela est à l’origine de troubles (ligaments croisés du genou, hernie discale, gêne à l’accouchement…).

Et l’auteur s’en donne à coeur joie pour relever les anomalies anatomiques produisant des affections durant notre vie : les sinus maxillaires qui favorisent l’écoulement vers le haut, source de sinusites ; le carrefour aérodigestif à l’origine de fausses routes ; le trajet aberrant du nerf récurrent ; mais aussi toutes les anomalies de l’oeil, dont sa forme qui favorise l’hypermétropie et la myopie si répandues. Il y a aussi les problèmes de la nutrition. Contrairement à beaucoup d’animaux, nous avons perdu par mutations la capacité de fabriquer une dizaine de vitamines (C, D, B…), ce qui peut induire des maladies comme le scorbut, le béri-béri ou le rachitisme.

De notre très longue vie de chasseurs-cueilleurs au paléolithique, nous avons hérité d’un génome adapté à une alimentation restreinte liée à une forte activité physique. Nous payons aujourd’hui les conséquences de la brutale transition vers la sédentarité au néolithique. Les régimes hypercaloriques sont à l’origine de nouveaux fléaux comme le diabète et l’obésité.
Et puis il y a le génome « plein de détritus ». N’est-il pas un cimetière de virus constitué seulement de 1,5 % de gènes et d’autant de pseudogènes qui ont perdu leur fonction, et également truffé de gènes sauteurs modulant son expression de façon aléatoire ? L’auteur souligne aussi la faible fécondité (paradoxale) de sapiens. Il nous indique en un clin d’oeil que les spermatozoïdes sont incapables de virer à gauche, ce qui expliquerait que l’homme a le plus faible taux de fertilité chez les primates. Il est miraculeux que l’humanité ait pu proliférer !

Il y a aussi toutes les maladies, les infections qui déciment les enfants, les maladies génétiques souvent dues à des mutations ponctuelles, les maladies autoimmunes, les allergies, les maladies cardiovasculaires…. N’oublions pas le cerveau humain et ses imperfections, illusions d’optique, souvenirs erronés, trous de mémoire… Une belle machine quand même.

L’auteur conclut en s’interrogeant sur notre destinée et sur les progrès technologiques. En réalité, l’évolution est aléatoire, sans rigueur, imprécise, cruelle, opportuniste. Malgré tout cela, vous ne le croirez pas, mais il s’agit d’un livre amusant, truffé d’anecdotes et d’observations qui reflètent une excellente culture scientifique.

P.B.