par J.-J. ROBERT*, D. LOUET, C. CHOLEAU (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
* Cet article paraît quelques semaines après le décès du Pr JJ Robert, qui s’est particulièrement investi durant les huit dernières années de sa carrière de pédiatre diabétologue et comme Président de l’AJD, pour qu’aucun enfant ne meure des conséquences d’un diagnostic tardif du diabète. Que cet article lui soit dédié et que chacun à sa façon puisse contribuer à la réussite de ce projet.
Texte paru dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 14 novembre 2017 / n°27-28 et consultable sur http://invs.santepubliquefrance.fr
Résumé
Introduction – Le diabète de type 1 (DT1) se déclare de manière aiguë chez l’enfant et l’adolescent, en particulier chez les plus jeunes, avec une aggravation très rapide vers l’acidocétose. Selon une étude datant d’une vingtaine d’années, la fréquence de l’acidocétose au moment du diagnostic était de 48 % en France.
Objectifs – Évaluer l’effet à long terme d’une campagne d’information et le rôle des médecins généralistes dans la prévention de l’acidocétose au diagnostic du DT1 chez les enfants et les adolescents.
Patients et méthodes – Les données suivantes ont été recueillies dans 146 services de pédiatrie chez des enfants de moins de 15 ans au moment du diagnostic de DT1 : âge, sexe, durée des symptômes, parcours du patient avant l’hospitalisation, critères biologiques et cliniques, histoire familiale de DT1. L’acidocétose a été définie pour un pH < 7,30 ou une réserve alcaline (RA) < 15 mmol/l, et l’acidocétose sévère pour un pH < 7,10 ou RA < 5 mmol/l. Après une année contrôle (année 0), une campagne d’information a ciblé les professionnels de santé et le grand public (année 1) et l’évolution de la fréquence d’acidocétose a été évaluée durant les cinq années qui ont suivi. En parallèle, des questionnaires ont été complétés par 1 467 médecins généralistes afin d’évaluer leurs connaissances et leurs pratiques dans le diagnostic du DT1.
Résultats – La fréquence de l’acidocétose a diminué de 14,8 % (année 0) à 11,3 % (année 1), mais est revenue à son niveau initial deux ans plus tard (année 3). Les données recueillies auprès des médecins généralistes ont montré que seuls 47,6 % d’entre eux avaient diagnostiqué un DT1 chez l’enfant ou l’adolescent ; 27,8 % ignoraient que le DT1 pouvait se déclarer avant l’âge de 2 ans ; 8,3 % déclaraient que l’acidocétose n’était pas mortelle ; l’importance de certains symptômes (histoire familiale, infection urinaire…) était surestimée. Les critères de diagnostic évoqués étaient davantage ceux du diabète de type 2 que du diabète de type 1 et l’urgence d’une prise en charge hospitalière était trop souvent ignorée.
Conclusion – L’absence d’effet de notre campagne sur le long terme nous amène à repenser notre stratégie de prévention de l’acidocétose au diagnostic du DT1. Du fait de leur implication, les médecins généralistes doivent être informés des spécificités du diabète de l’enfant et de l’adolescent, et de l’urgence de sa prise en charge hospitalière.
Mots-clés
diabète de type 1, acidocétose, enfant, diagnostic, prévention.