par Frédéric Morinet *

 

Le but de cet écho de presse n’est pas de faire le point sur cette redécouverte d’une arbovirose décrite pour la première fois en 1947 en Ouganda, mais d’attirer l’attention de nos collègues biologistes et gynécologues-obstétriciens sur une possible infection congénitale par ce virus.

La première épidémie à virus Zika s’est déclarée en 2007 en Micronésie, état fédéral dans l’archipel des îles Carolines de l’Océan Pacifique ; la Polynésie française a ensuite été touchée en 2013, puis l’extension de cette infection virale a été signalée au Brésil (1, 2) avec, selon le ministère de la  Santé, 440 000 à 1 300 000 cas « suspects » en 2015. Durant cette épidémie, l’incidence d’une microcéphalie chez les nouveau-nés (diminution du périmètre crânien supérieur à deux déviations standards, évoquée par échographie voire IRM cérébrale fœtale) a été multipliée par 20.

En décembre 2015, chez deux femmes enceintes, la détection du virus (par RT-PCR) dans le liquide amniotique s’est avérée positive de manière concomitante à la découverte d’une microcéphalie fœtale ; les tests sérologiques, qui ne sont pas commercialisés, posent le problème de réactions croisées avec le virus de la dengue (3). Récemment, cette microcéphalie a été associée à une atrophie maculaire chez un des trois nourrissons infectés in utero (4).

Comment réagir face à ces données ? La transmission maternofœtale du virus Zika semble survenir quel que soit le stade de la grossesse. L’infection est asymptomatique dans 80 % des cas, sinon elle se manifeste par un syndrome grippal associé à une éruption érythémateuse pouvant être confondue avec, notamment, une infection par le virus de la rubéole, une primoinfection par le VIH ou par un parvovirus. Le diagnostic évoqué par échographie chez une femme enceinte de retour d’Amérique du Sud ou d’Océanie, reposera sur la RT-PCR réalisée à partir du sang, des urines et du liquide amniotique. Signalons pour terminer que les moustiques Aedes, vecteurs de nombreux arbovirus dont le virus Zika, sévissent en Europe du Sud, suggérant que le diagnostic de cette infection virale devrait être évoqué et recherché devant toute microcéphalie (5).

Un article complet sur le virus Zika sera publié dans les Feuillets de Biologie, en mai prochain.

Références

(1) Zika virus: a new global threat for 2016. Lancet 2016 ; 387 (10014) : 96.
(2) Bierlaire D, Beau F, Lastere S, Musso D, Broult J. Virus ZIKA en Polynésie française : hémovigilance receveur. Transfus Clin Biol 2014 ; 21 (4-5) : 234.
(3) Schuler-Faccini L, Ribeiro EM, Feitosa IML, Horovitz DDG, Cavalcanti DP, Pessoa A, et al. Possible association between Zika virus infection and microcephaly - Brazil, 2015. MMWR Morb Mortal Wkly Rep 2016 ; 65 (1) : 1-4.
(4) Ventura CV, Maia M, Bravo-Filho V, Góis Al, Belfort R Jr. Zika virus in Brazil and macular atrophy in a child with microcephaly. Lancet 2016 ; 387 (10015) : 228.
(5) Ioos S, Mallet HP, Leparc Goffart I, Gauthier V, Cardoso T, Herida M. Current Zika virus epidemiology and recent epidemics. Méd Mal Infect 2014 ; 44 (7) : 302-7.

* Hôpital Saint-Louis-Université Paris Diderot Paris 7.