par P. BERCHE

Résumé

Jusqu’au XIXe siècle, on ignorait le rôle des microbes dans les épidémies et les infections. La pensée médicale était dominée par la théorie de la génération spontanée d’Aristote et la théorie des miasmes inspirée d’Hippocrate. Le pressentiment d’agents infectieux invisibles, à l’origine de la contagion, est réellement apparu à la Renaissance, s’opposant sans succès à la théorie des miasmes. Les travaux expérimentaux de Louis Pasteur ont démontré de façon magistrale l’inanité de la théorie de la génération spontanée et le rôle des germes dans les maladies infectieuses. Cette révolution a permis d’identifier de nombreux agents infectieux visibles au microscope induisant des maladies infectieuses, chacun étant spécifique d’une maladie infectieuse donnée. Ces microbes visibles au microscope sont des bactéries, des protozoaires et des champignons. Par la suite, on ne découvrira les virus au microscope électronique qu’à partir des années 1940. La découverte des agents infectieux a permis de prévenir la transmission des maladies contagieuses et de fabriquer des vaccins. Cela a entraîné une chute de la mortalité par infection et un essor démographique sans précédent de la population de la planète. On s’est aperçu par la suite que ces agents infectieux pouvaient être propagés par des porteurs sains et induire diverses pathologies chroniques, incluant des cancers et certaines affections inflammatoires chroniques. On a récemment découvert de nouveaux agents infectieux « hérétiques », les prions, à l’origine de démences transmissibles et rapidement mortelles. Ces agents non conventionnels sont des protéines qui déclenchent, en changeant leur conformation tridimensionnelle, une destruction des neurones. Une autre surprise est venue du séquençage complet du génome humain réalisé dans les années 2000. En effet, on s’est aperçu que celui-ci est constitué pour 45 % d’éléments mobiles, principalement des rétrotransposons, dont certains peuvent être actifs. Ces rétrotransposons sont des fossiles
de virus accumulés dans le génome des hominidés et des autres animaux depuis des millions d’années, comme les cicatrices d'infections virales très anciennes. Ils peuvent redevenir mobiles avec l’âge et aller s’insérer au hasard dans des gènes. On les a incriminés dans le processus de sénescence et dans certaines maladies génétiques. Les découvertes des dernières décennies montrent l’extraordinaire diversité des agents infectieux et de leurs manifestations pathologiques.

 

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Feuillets de Biologie n°340 - janvier 2018.