Revue de Biologie Médicale n°359 - Mars-Avril 2021

Auteur

P. BERCHE

 

Résumé

Les vaccins contre le virus SARS-CoV-2 apparaissent comme un véritable espoir pour sortir de la crise sanitaire et sociale déclenchée par la Covid-19. On ne peut qu’être impressionné par la performance scientifique qui a accompagné l’émergence de cette pandémie meurtrière. En quelques semaines, le nouveau virus a été identifié et séquencé. En douze mois à peine après cette découverte, non moins de neuf vaccins ont été testés dans des essais cliniques de phase III, avec des résultats très encourageants. Plusieurs vaccins sont en cours d’homologation pour un usage large. Les stratégies de vaccination ont suivi des méthodologies classiques utilisant des virus entiers inactivés ou vivants atténués, ou des protéines purifiées administrées avec des adjuvants. On a aussi testé avec succès des méthodologies innovantes, tels que des vecteurs viraux hétérologues portant le gène codant la protéine Spike, le facteur majeur de virulence du coronavirus. D’autres essais ont recouru à des vaccins porteurs de séquences nucléotidiques du gène spike du virus, l’ADN ou l’ARN, une méthodologie très peu appliquée jusqu’ici chez l’homme. Les plus avancés sont les vaccins ARNm qui ont bénéficié de dix ans de recherche dans le domaine des nanoparticules lipidiques et de la synthèse de l’ARNm. L’ARNm du gène spike (ou le segment du gène codant le domaine récepteur de la protéine) est synthétisé et sa séquence est optimisée pour faciliter sa lecture en protéines. Pour le protéger, on l’incorpore dans des nanoparticules lipidiques. Accédant directement aux cellules dendritiques et aux macrophages tissulaires, il est traduit par ces phagocytes en protéine virale qui, après apprêtement, est présentée aux lymphocytes. Les résultats des essais de phase III montrent une remarquable efficacité de ces vaccins ARNm qui confèrent une protection de 95 % et une bonne tolérance malgré des effets secondaires fréquents, mais mineurs. En dépit des incertitudes qui demeurent, notamment concernant la durée de la protection et l’éventuelle contagiosité des vaccinés, les vaccins ARNm pourraient infléchir l’évolution de la pandémie en protégeant les sujets les plus vulnérables et en diminuant la circulation du virus. Faciles à préparer, ils pourraient marquer une nouvelle ère dans l’histoire de la vaccinologie, avec des applications potentielles dans de nombreuses pathologies non infectieuses, comme le cancer.

Mots-clés

SARS-Cov-2, Covid-19, coronavirus, vaccin inactivé, vaccin vivant atténué, virus hétérologue recombinant, protéine Spike, ARNmessager.