Revue de Biologie Médicale n°364 - Janvier-Février 2022
Auteurs
J. ROLLIN, C. VAYNE
Résumé
Mises en évidence pour la première fois en mars 2021, les thrombopénies thrombotiques induites par un vaccin contre la COVID-19 (Vaccine-induced thrombotic thrombocytopenia, VITT) sont une complication très rare des vaccins à vecteur adénovirus utilisés dans la lutte contre le SARS-CoV-2, et notamment ChAdOx1 nCoV-19 (Vax-zevria ; Oxford–AstraZeneca). Les VITT sont exceptionnelles (≃ 1 cas pour 100 000 injections), mais très graves (mortalité estimée entre 20 et 50 %), se manifestant par des thromboses multiples et atypiques, en particulier cérébrales et splanchniques, associées à une thrombopénie souvent profonde (< 50 G/L) et une activation massive de l’hémostase, comme en témoignent les concentrations circulantes très élevées de D-dimères. Ces évènements thrombotiques surviennent très majoritairement dans un délai de 5 à 30 jours après une primo-vaccination et semblent principalement dus à l’apparition d’anticorps anti-facteur plaquettaire 4 (FP4) qui activent puissamment les plaquettes. L’état des patients pouvant se détériorer très rapidement, tout tableau clinico-biologique évocateur doit faire rechercher une VITT le plus tôt possible pour permettre une prise en charge thérapeutique adaptée et efficace. Si ce nouveau syndrome est aujourd’hui mieux compris, son diagnostic n’en reste pas moins un challenge, en particulier en raison des performances très variables des outils diagnostiques disponibles, ce qui justifie l’implication impérative d’un laboratoire d’hémostase spécialisée.
Mots-clés
COVID-19, vaccin, anticorps, thrombopénie, thromboses, plaquettes, facteur plaquettaire 4 (FP4), diagnostic, VITT.